Jeudi 11 août 2011 : Sur le toit (routier) de l'Europe ...
Parce que c'était le moment où jamais de savoir si oui ou non, j'ai les jambes pour passer à la vitesse supérieure, et me préparer sereinement pour les Hautes-Alpes.
En ce 11 août, le Galibier était fermé aux autos de 9h à 12h. Alors, par esprit de contradiction, j'ai pris la direction de la Haute-Maurienne ^^
Réveil très matinal (6h15) et départ aux alentours de 7h après les "formalités habituelles" ... Du coup, arrivée aussi matinale sur le parking des Forts de l'Esseillon, qui sera mon point de départ du jour. Il fait bien bien (mais alors bien) frais, de l'ordre de 5-6°c, et je vais devoir débuter par une descente :o/
Autant dire que je n'y vais pas plein pot, très rapidement, j'ai même les doigts engourdis mais je sais que ça ne sera que passager. Enfin, bon, le passage dure jusqu'à Termignon, quand même ! Là, le soleil commence à être suffisamment haut pour réchauffer un peu la vallée. Vent nul, je progresse bien. La côte de Termignon est vite avalée, alors que le clocher du village sonne 8h.
Lanslebourg, Lanslevillard, la litanie des villages se suit. A la sortie de Lanslevillard, la "monotonie" est cependant rompue par un 1er morceau court mais costaud, le col de la Madeleine (pas çui-là, l'autre ;o), qui culmine à 1 746 m et qui ouvre les portes de l'ultime plateau, celui de Bessans et Bonneval.
Dans cette ascension, je franchis ma 1ère heure de course (22,5 km/h). La sortie de Lanslevillard est "terrible", avec notamment 1 km à 10% qui me ratatine bien. C'est à la faveur de ces forts pourcentages que je me fais rattraper puis déposer par un cycliste bien affuté. Pour autant, je le garde en point de mire un certain temps, ce qui m'aide à hausser le rythme dès que la pente se calme.
Avant Bonneval, de nouveau un long passage à l'ombre, retour des doigts gourds. Du coup, je ne peux pas saisir ni de barres, ni de gels alors que le mythe se profile, sur ma gauche. "Mon mythe préféré", de par sa hauteur -forcément lunaire- mais aussi du fait d'un profil régulier (alternance de 3 km impitoyables suivis de 2 plus "humains). Pour autant, avec 14 km d'ascension à 7%, on rentre dans le domaine du difficile.
9h25, me voilà dans le virage qui marque le pied de l'ascension. J'attaque les 3 premiers km (8%-9%-9%) sur un bon rythme -pour moi- aux alentours de 11 km/h. J'aperçois à environ 1km devant moi un cycliste, qui constituera mon point de mire pour la 1ère partie de l'ascension. Dans le courant du 4ème km (7%), je bascule dans le vallon qui offre un replat bienvenu (3%)
Dès que ça regrimpe (8%), je rattrape ma mire et la dépose. Il me reste 8km, et tout se passe bien. Et comme lors de chaque ascension de l'Iseran, le km n°7 est une tuerie : une ligne droite à 10% voir plus. Je rentre la tête dans les épaules, mais je sens que la fin sera difficile.
Plus que 7 km ! Après 2 km certes durs mais plus doux, j'atteins le second replat, marqué par le passage d'un tunnel. Peu après ce tunnel, c'est le dernier effort à fournir mais quel effort. De nouveau une ligne droite ou quasi, à flanc de montagne, et face au vent. Au loin, un télésiège sert de point de mire mais qu'il est dur à atteindre !
C'est clairement mon passage le moins flamboyant, mais je m'accroche. Hors de question de poser pied à terre, d'autant plus qu'il y a du monde sur le secteur : la circulation est effectivement très très dense, à la limite du supportable.
Enfin, la partie dure prend fin au télésiège. Un dernier lacet, le vent est désormais dans mon dos, je peux réenclencher des dents à mesure que j'approche la ligne d'arrivée.
I did it ! 10h40, et 3h tout rond après mon départ de l'Esseillon, me voilà sur le plus haut col routier d'europe (les puristes diront qu'il y a plus haut -la Bonnette, 2860 m- mais ce n'est pas un col ...). Beaucoup de cyclos arrivent du versant tarain. Versant mauriennais, je dois être le n°2, je n'ai croisé que mon "déposeur" de La Madeleine, à moins de 2 bornes du sommet.
Le temps est superbe, il n'y a pas de vent, il ferait presque bon. J'en profite pour prendre 5 min et croquer quelques sources d'énergie. Il y a bien sûr la "traditionnelle " photo devant la borne du col, mais moi je l'ai déjà.
J'analyse donc mon compteur :
51,7 km en 3h, cela sous-entend que j'ai effectué les 2 dernières heures à une moyenne de 14,5 km. Et pour autant, 14 km en 1h15 donne une ascension à 11 km/h. Pas mal encore, d'autant plus qu'une grande partie de la montée s'effectue au delà des 2000 m, où le déficit d'oxygène est sensé amoindrir la performance ...
Il est temps de rentrer, désormais. J'ai un grand sourire et un peu d'émotion quand même à revenir si rapidement si haut, alors qu'il y a moins d'un mois j'hésitais à remonter sur un vélo de peur de ressentir encore des douleurs ...
Il ne faut justement pas que j'use mes genoux avec de trop gros braquets au retour. Le vent de face qui s'est levé dans la vallée me dissuadera de tout numéro inutile de rouleur, je fais dans la gestion, d'autant plus que des alertes de crampes se font ressentir de temps en temps. Retour aux forts à 12h20. Le retour s'est fait en 1h34', à 35 km/h de moyenne.
Fier de moi, avec l'envie de remettre ça très rapidement ... Samedi ?
Bilan : 103,6 km en 4h34', à 22,7 km/h. 2 000 m D+.
Itinéraire : Esseillon, Bramans, Sollières, Termignon, Lanslebourg, Lanslevillard, Col de la Madeleine, Bessans, Bonneval, Col de l'Iseran et retour idem.