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Le blog vélo de Pierrick
5 juillet 2009

Dimanche 05 juillet 2009 : La cyclo du Dimanche

Pour ceux qui ont suivi le blog ces derniers jours, j'avais décidé d'accomplir la deuxième cyclo de ma vie cycliste aujourd'hui, sur le parcours de la Serre Che/Luc Alphand. Alors je tiens tout de suite à mettre les choses au clair : non, Luc Aphand n'a pas fait exprès de tomber de moto pour éviter de m'affronter sur sa course. Au passage, je tiens à lui souhaiter un prompt rétablissement, j'ai beaucoup de respect et d'admiration pour ce skieur hors norme désormais multitâche, et ça m'a bien emmerdé de prendre connaissance de sa grave gamelle. Par contre, pour Michael Jackson, comme avait dit Desproges, "j'ai repris deux fois des moules".

Donc, avec mon beau-frère et la petite famille, nous avons pris dès vendredi la route de Briançon, afin de nous dispenser de faire la route le matin même (1h40 depuis chez moi, 2 heures depuis Grenoble) et puis histoire de profiter aussi de cette belle ville et de son environnement magique.
Dimanche matin, debout à 6h30. Nous sommes allés retirer nos dossards la veille, pour moi ce sera le 1039. Nous ne le savons pas encore, mais ce numéro nous fera partir dans le tout dernier sas, tout au fond. En fait, le numéro n'est pas le seul responsable. En effet, partant de Briançon-sud (St Blaise), nous nous retrouvons bloqués à 7h20 en bas de Briançon, les parcours A et C partant prochainement. Et nous ne sommes pas les seuls poissons pris dans la nasse, loin de là.

Nous prenons notre mal en patience jusqu'à 7h55, où la route ouvre. Vite, direction Chantemerle, où nous arrivons à trouver une place à 50 m de la ligne de départ. Qui dit mieux ? Malheureusement, pas le temps de s'échauffer, juste le temps de s'habiller, de finir de préparer le vélo et nous nous plaçons ... tout au fond. En fait, seuls une petite trentaine de coureurs viendront se placer derrière nous. Il va falloir cravacher pour essayer d'accrocher un groupe !
L'attente dans le sas me permet de rencontrer Mathis (un lecteur), accompagné de son père. Puis les fauves sont lâchés à 8h30. En fait, dès le début, le peloton se fractionne en raison du passage sur une passerelle bois très raide et casse-gueule. Une petite bosse de 300 m et nous entamons la descente sur Briançon ... et Pierrick débute son show.

Désolé, c'est plus fort que moi. Dès le départ d'une cyclo, même si je sais que je vais regretter plus tard, je pars comme une bombe. Un signe à Jocelyn, qui se cale dans ma roue, et hop, c'est parti pour une partie de manivelles à 55-60 km/h pour remonter les groupes un par un. Première bosse avant de basculer dans Briançon même, 1er signal pour se calmer. On traverse la ville, totalement neutralisée, comme des boulets de canon. A la sortie, on se cale dans un groupe, et nous abordons la RD1094 à 45 km/h, tranquille. C'est impressionnant l'effet "peloton" ! On ne voit pas les km passer.
A Prelles, on quitte la route principale pour attaquer la traverse des Vigneaux, côte de 2 km environ suivie d'un passage en corniche avant une bascule rapide sur l'Argentière. Dans cette première côte, je me "calme", après avoir offert un second "show" à l'entrée de Prelles, sur une bosse où je remonte tout le peloton à gauche sur le 50-12, comme un bûcheron.
Dans cette côte, tout le monde se calme et souffle, on sent que d'un seul coup, après les 10 premiers km en Space Mountain, là, fini de rire. Moi, je suis à 16-17 km/h mais une fois de plus, je vois que ça va être dur de rester au contact d'un groupe.
Passé la côte, je me remets à la planche, en fait, à jouer à l'élastique, je me retrouve souvent avec les mêmes têtes. Et elles, elle savent que je suis là. Mon vélo fait un bruit d'enfer, c'est infernal, un "tac-tac-tac" dès que je force. J'aperçois la réaction marrante des gens qui à entendre ce bruit, regardent leur machine. Désolé, je plaide coupable !
Deuxième petite bosse, je tente un coup de poker en attaquant bille en tête, en prenant le pari que la bosse est finie au virage suivant. Gagné (pour une fois) ! Je me lance dans la descente, perturbée par quelques véhicules qui se sont insérés entre les groupes. Impossible pour eux de nous doubler, délicat pour nous de les redépasser. Encore un sprint, un groupe est à 300 m, je retombe sur quelques coureurs avec qui je collabore pour rentrer, mais peine perdue. J'achève la 1ère heure et me rends compte que je l'ai faite à 36 km/h !!! On traverse l'Argentière, "mon" groupe grossit alors que nous rattrapons de nouveau la RD1094.
Eux pourrons me dire merci, modestement. Pendant presque 12 ou 13 bornes, je vais mener la troupe en relais avec 2 ou 3 autres, pendant que les autres restent au chaud derrière. Ce n'est pas trop mon tempérament de ne pas participer, même si j'aurais eu diablement besoin d'un temps de roue libre sur cette partie. Je vais assurer des relais à 40-45 km/h, baisser le pied si j'y vais trop fort, boucher les trous quand un relayeur y va trop fort et que cela risque de disloquer l'association. Mais ce qui devait arriver arrive : à la dernière bosse avant de dévaler sur Montdauphin Gare, je lève le pied, les profiteurs accélèrent et je reste en plan, seul. Juste avant d'aborder les gorges du Guil ...
Rond-Point au pied de Montdauphin, nous abordons les premières rampes en contournant Guillestre. Je m'arrête au 1er ravito. Voilà un vrai bémol : aucun ravitaillement n'est signalé à part 300 m avant. De ce fait, on ne sait pas si ce ravito est le seul, le dernier. Du coup, il faut presque s'y arrêter par prévention.
Bon celui-là, j'aurais pu m'en dispenser, je ne mange q'un petit sandwich, en prend un en réserve et bois un verre d'eau. Et zou, c'est reparti. Je traverse les plus fortes pentes de Guillestre à l'économie, avant de retrouver mes ailes à l'approche des vraies gorges, ces passages vertigineux en corniche parsemés de tunnels préhistoriques.
Mais voilà, je suis seul. Je me mets sur le mode "n'oublies pas que l'Izoard t'attend", petit rythme entre 18 et 22 km/h selon la générosité de la pente. Vers la fin des gorges, la route se raidit, annonçant des changements futurs ... La 2ème heure s'achève, à 24 km/h. J'aborde donc l'Izoard après 2h à 30 km/h !!! Du jamais vu, je sais d'ores et déjà que je vais payer la note, ou alors, c'est jour de fête et je gagne ma catégorie.
Allez, un virage à gauche, et nous voilà partis pour 14 km. Le col de l'Izoard, un mythe. Coppi, Bartali, la Casse déserte. J'entre dans l'Histoire. Par la petite porte, ok. Mais j'entre quand même. Mais c'est dur, l'Histoire, c'est pentu surtout. Dans ma tête, je me suis fixé un objectif : atteindre Brunissard sans m'arrêter, puis profiter d'un éventuel ravito là haut pour faire un break puis reprendre et finir honorablement. Bon plan me dis-je.
C'est donc une question de mental. Je m'accroche. Des panneaux de pourcentage sont plantés à chaque km, mais j'ai la drôle d'impression que ces panneaux concernent chaque km déjà parcouru, et non chaque km à parcourir. 5 puis 6 puis 7 puis 8% et nous voilà à Arvieux et ... ravito surprise. Forcément, il n'y en aura pas à Brunissard. Stop rallongé. Il a fait très chaud sur cette première partie d'ascension, il faut dire que le temps est superbe et le soleil bien présent.
Je repars avec 2-3 gars, le km est annoncé à 2%, vous avez déjà vu des km à 2% passés à 7 km/h sur le 30-25 ??? Cela renforce mon impression d'erreur sur les panneaux. Là, on est sur le rythme galérien, je me cale sur 7km/h, et il faut dire que je rattrape des concurrents, mes compagnons lâchent ... ça souffre et ça souffle dans tous les sens, mais je m'en sors. En plus, un petit vent  vient rafraîchir l'ambiance et parfois pousser quelques nuages devant le soleil, pour notre plus grand plaisir.
Arrive Brunissard, le pied du vrai "mur", 7,5 km annoncés presque à 10%, entrecoupé seulement par la descente de la Casse déserte. Et je poursuis ma progression, cahin-caha. Mais arrive un moment ou je n'en peux plus, après 3 km les plus durs ou presque. Je m'arrête sur un lacet en replat et assiste au passage des leaders du 180 km. A 5,5 km du sommet. Long arrêt, trop long. Mea culpa.

Je repars, reprend un rythme qui me permet d'accrocher quelques cyclistes, mais j'arrive bientôt à sec, et il reste 3 km. D'un seul coup, hop, ravito surprise. Empiétant sur la route. Je récupère ou bois 2 gourdes de powerade (un délice à ce moment de la course), remplis les bidons, je repars ... Et j'arrive à la Casse déserte. Petite question : pourquoi ne pas mettre ce ravito au parking de la Casse ? Ce n'est pas plus simple que de le mettre sur la route, en pleine pente ?
Je vois aussi le triste état dans lequel les concurrents précédents laissent le coin ravito : sur 200 m, gourdes, gels, gobelets, bouteilles, écrasés, jetés à même la route ... Vive la nature.
J'arrive à la Casse déserte, je passe devant le photographe mais je m'asphyxie tout de suite en relançant trop fort. Voyez plutôt ça, on voit comme j'y vais (et excusez par avance mon aspect débraillé mais 100% "Histoire du Tour de France").

titi___l_izoard

Du coup, un p'tit stop qui me permet d'apprécier le paysage, que je n'ai pas vu avant tellement j'étais concentré sur ma route. Je repars, désormais, beaucoup de costauds du 180 km me dépassent, il reste 2 km. Après un dernier moment dur, je reprends mes esprits à la flamme rouge pour accélerer un peu et former un petit groupe qui franchit le col avec moi ... et de nouveau un ravito imprévu.

Toujours est-il que la fin annoncée à 10% est bien moins forte, cet Izoard est décidément plutôt contrariant dans les indications qu'il donne ...

Dans ces moments durs, j'ai vraiment apprécié les sourires, les encouragements des motards, des autres concurrents, et j'en ai fait autant moi-même, avec une petite touche d'humour car certains avaient vraiment l'air d'être sur une pente plus forte que la réalité ... Et puis les gens en bord de route qui encouragent et appaludissent, c'est très sympa aussi. Belle ambiance dans le dernier km, mais aussi dans quelques villages traversés.
Je me lance dans la descente comme un mort de faim, je sais que j'ai particulièrement abusé des arrêts bistrot, plus qu'il ne fallait, déjà que intrinsèquement, je savais que je ne grimperai pas vite ... Le début de ma descente est perturbé par une très sévère crampe dans tout l'arrière de la cuisse, qui me force à maintenir la pédale droite en bas ... Mais comment fait on dans les virages à droite ? Ben on replie la jambe et on serre les dents jusqu'à la fin du virage, où on réétend la jambe ...
Dans quelques relances, je me fais peur avec mes pédales qui touchent le sol lors du premier tour de pédalage ... Mais ça ne me calme pas, voilà l'occasion ou jamais de refaire une partie de mon "retard" (ou un moyen de me donner bonne conscience). Du coup, pointe à 65 km/h (pas plus, souvenez vous de mes freins sponsorisés par Haribo). Je donne tout ou presque.

En bas de la descente, je suis rattrapé par un groupe du 180 km, je m'accroche et traverse le bas de Briançon comme dans un fauteuil. Là, plus question de relais. D'abord parce que j'en peux plus, et aussi par respect pour ces bonhommes, comment verraient t'ils qu'un nabot du 105 viennent leur faire le tempo. Je pense que je me serais pris une accélration fatale. Là, je suis raisonnable, alors que toute la ville reste à remonter, je me laisse décrocher pour pouvoir assurer une fin en bolide.
Je me relève, monte Briançon comme je peux, mais j'ai du mal. En fait, je garde mes forces pour la fin de la montée et la relance ultime.
Ce que je fais. Bon, je trouve toujours bizarre de disposer autant d'énergie alors que j'étais à l'arrêt une heure plus tôt. Mystère de la motivation ... (Dernière heure : 33 km/h)
Les pieds me brûlent mais je serre les dents, et je finis au sprint pour vite me reposer ...

Le verdict ? Je ne le connais même pas moi-même ! En temps roulé, j'affiche une moyenne de 22,1 km/h pour 108,8 km parcourus en 4h55'. Mais avec les pauses, aïe ! Je dois approcher les 5h30 ... J'ai trop abusé, là, c'est sûr ... Je dois me retrouver dans les limbes de ma catégorie, mais pas dernier au scratch, c'est une certitude. Je regarderai sur Internet.

Cependant, encore un bon souvenir d'une cyclo, avec une organisation sans faille (hormis celle des ravitos surprises), un vrai avantage que d'avoir des gendarmes ou des signaleurs à chaque carrefour, des routes fermées ou quasi, des gens qui viennent encourager les cyclistes du premier au dernier ...
Bref, bravo Lucho pour ta cyclo, et soigne toi bien, qu'on se tire la bourre l'année prochaine dans la Casse déserte ...

profil_serre_che_050709

Bilan : 108,8 km en 4h55', à 22,1 km/h. 1900 m de D+.
Parcours : Chantemerle, Briançon, Prelles, Les Vigneaux, l'Argentière, Roche de Rame, St Crépin, Montdauphin Gare, Guillestre, Gorges du Guil, Col de l'Ange Gardien, Arvieux, Brunissard, Col de la Platrière, Col de l'Izoard, Cervières, Briançon, Chantemerle

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Commentaires
R
Les panneaux qui indiquent la pente renseignent sur le dernier km franchi, pas celui à venir ;)... avant Arvieux il y a une courte descente, avant la remontée vers la Chalp, d'où le "petit" 2% indiqué.<br /> Ca surprend la première fois, mais quand on est habitué on ne s'en occupe plus.<br /> <br /> Pour ma part engagé sur le 186 km ; moins difficile qu'à la Vaujany, mais qui s'est transformé en calvaire dans l'Izoard (mon col fétiche :() suite à une fringale... plusieurs ennuis mécaniques combinés à cela m'ont relégué plutôt loin au classement, mais la météo était superbe, tout comme les paysages de ce petit coin de paradis alpestre, donc c'était quand même une super journée de vélo :D
M
Salut,<br /> <br /> C'était ma première cyclo, et bien je ne suis pas déçu, cela restera un de mes meilleurs souvenirs...haaa cette casse deserte!<br /> <br /> Rien à rajouter à ton CR, organisation conviviale et sans failles, paysage superbe, petit bémol : le comportement de certains cyclos au niveau des ravito..<br /> <br /> Je m'interroge également sur la signification des panneaux indicateurs de %, le 2% a dû poser problème a pas mal de monde..moi le premier.<br /> <br /> Ravi d'avoir fais ta connaissance,<br /> A la prochaine.
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