Samedi 19 juillet 2008 : Une Madeleine au petit déjeuner

Mon séjour en Ubaye m'a réconcilié avec les grands cols et les longues ascensions, car avec mon physique de rubgyman, c'est pas trop ça ... Cela dit, j'ai vu que j'étais capable d'arriver en haut en assez bon état, et cela m'a regonflé pour avoir d'autres projets.

Ce matin, je retourne sur un col déjà grimpé en 2005 et 2006, mais toujours du même côté mauriennais : le col de la Madeleine. Il n'est pas très haut (1993 m) comparé avec d'autres "grands cols" ... comme les ubayens, mais ce versant est terrible ... et terriblement régulier. Toujours en prise, pas de répit, les 4 premiers km montant de 7 à 10%, pour une moyenne de 9% sur les 5 premiers  km, et très peu de replat (voire pas du tout). et toujours entre 7,5 et 8,5%, réglé comme une horloge. On est donc bien content d'en finir avec ces 19,3 km de montée ...

Mais j'avais été emballé, lors d'un passage en voiture en 2006, par le versant "tarin" (se dit de tout ce qui vient de Tarentaise) du col. Beaucoup plus sauvage, plus raide aussi mais moins régulière (ce qui est presque pire), cette montée avait été entourée dans mon carnet de projets ... mais il fallait être en forme ... et avoir du temps.

Cette montée fait en effet 26 km (!) depuis son départ, à Feissons sur Isère. L'arrivée à Feissons se prépare aussi, car comment s'y retrouver dans le casse-tête routier de la vallée de la Tarentaise ? C'est le premier obstacle de la journée.
Pour ne pas me retrouver à la rue avant de monter le col (=ne pas faire 70 bornes avant d'attaquer la montée), je pars de chez moi en voiture pour Aiton. De là bas, le pied du col de la Madeleine n'est qu'à 35 km ... C'est raisonnable.

Je roule donc à la fraîche, par les routes parallèles, pour arriver sur Albertville au bout de 40 minutes. Je vais trop vite ... Au final, ma première heure sera bouclée à 28 km/h, ce qui aura entamé mes forces pour plus tard probablement ...
A Albertville, je prends direction Conflans puis la Bâthie, j'entre dans cette vallée pas très belle, griffée de lignes HT, balafrée par une 2*2 voies mais qui dispose quand même de quelques restes d'Histoire ... Pour un vélo, le plus dur est de ne pas se retrouver sur cette voie rapide, mais il semblerait que tout soit fait pour ... Un conseil : ne suivez jamais la direction Moûtiers et ça devrait aller. Après la Bâthie, suivre Langon puis Cevins. A l'entrée du village, 2 choix : soit prendre l'itinéraire fléché "vélo" toutes direction ou poursuivre dans Cevins.

La première option vous emmènera sur la rive gauche de l'Isère, un peu à l'écart de la RN, mais l'ambiance sera plus ... zone industrielle ? (avec des arbres) , la seconde vous entraînera sur une petite route étroite parallèle à la RN (ambiance rocade parisienne). De toute façon, les 2 routes mènent à la Madeleine.

La voilà, la Terrible. Je peux vous dire que j'ai potassé mon profil Altigraph avant ! Et je démarre de pied ferme dans les 2,5 premiers km, à 9,5%. Tout en lacets, ils passent presque sans problème. Les 2 km suivants, à 7%, sont un aimable tremplin pour la suite, 4 km à 5,5% et 3 non côtés car presque plats ... Les premiers cyclos chamois commencent à me rattraper sur ce replat. Me voilà presque à moitité de l'ascension et tout se passe bien, je m'arrête cependant à Bonneval Tarentaise pour quelques photos et un compteur récalcitrant.

Après les 4 premiers km en lacets pour s'extraire du défilé du Pas de Briançon, la route a pris un itinéraire en balcon sur la vallée, où coule l'Eau Rousse, le torrent du coin. Les lacets sous le hameau de la Thuile signent la fin du répit, me voilà de retour dans les pourcentages plus forts (2 km à 7%), avant le passage délicat de la montée, la traversée de Celliers. J'y avais vu des vélos plantés, dans ces 4 km à 9% (max 9,5% sur 2 km),alors j'y vais prudemment ...

A raison. Celliers chef-lieu et Celliers-dessus passent sans trop de problème, mais c'est ensuite que ça se gâte ... Ces fameuses deux bornes à 9,5% sont de trop, je m'arrête, mais presque au bout du calvaire (si j'avais su ...). Car ça se re-calme avec 3 km à 6,5, 2,5 et 3,5%. On reprend la route en balcon. Ma chute de Jausiers se fait toujours ressentir, je suis incapable aujourd'hui d'attraper ma nourriture dans la poche droite, je dois m'arrêter ... Les taons font aussi leur pause casse-croûte sur moi (3 piqûres ...). Et je repars, dans le dur ultime, il reste moins de 4 km, mais on est sur du 9% ... Aaaarghh. En plus, je roule sur une pierre ou une bouse sèche, ma roue arrière patine et je m'écrase sur mon cadre, ça me coupe un peu le souffle ...

Allez Pierrick, plus que 300 m ... 210 ... 120 ... Cette fois je la tiens. La pente revient sur du 6%, je finis au sprint, m'y voilà ! Belle, mais dure. Quelques photos du col, et je repars. Après 500 m, mon compteur me lâche, je roule à l'aveugle, mais comme c'est de la descente ...

A la Chambre, en remplissant un bidon, je discute avec un jeune (fou ? passionné ?) qui fait dans la journée la montée du col de la Madeleine, du col du Glandon, du col du Mollard, du col de Champ-Laurent (ou du Cucheron plus probablement) ... Hé bé ... Bon courage ...

Quant à moi, il ne reste presque plus que du plat, je passe par les petites routes jusqu'à Epierre où j'attrape la RN, à cette heure-ci, beaucoup de monde s'est arrêté manger. De toute façon, je n'avais pas envie de grimper les Hurtières ... En dépit du vent de face, j'arrive à accrocher un bon 29 km/h environ, pour revenir sur Aiton aux alentours de 13h00. Rincé mais qu'est ce que c'était beau ...

Itinéraire : Aiton, Ste Hélène sur Isère, Grignon, Albertville, Conflans, La Bâthie, Langon, Cevins, Feissons sur Isère, Bonneval Tarentaise, Celliers, Col de la Madeleine (1993 m), St François Longchamp, La Chambre, Les Chavannes, La Chapelle, Epierre, Aiguebelle, Aiton.
109 km à 20,8 km/h, soit 5h14'.2100 m de D+