De l'esprit d'endurance

Me voilà donc, fin juin, face à un "défi" à relever : être capable d'affronter la montagne des Hautes Alpes et des Alpes de Haute Provence, 2 semaines plus tard, avec plus de 2000 km dans les jambes, minimum vital pour survivre dans ce milieu hostile aux mollets de poulet.

Et j'ai donc mis en place un véritable plan commando pour réussir :

Samedi 24 Juin : Je m'offre une version raccourcie du Challenge du Dauphiné (le parcours de 120 km) mais en escamotant le départ de Lans et l'ascension de la Croix Perrin, que je connais presque par coeur ... Je pars donc de Villard, dans le vif immédiatement avec l'ascension du col d'Herbouilly (1370 m) qui hésite longtemps à monter avant de proposer un denrier km scotchant à plus de 9% ... Ensuite, descente sur le plateau du Vercors, passage au Col et au tunnel de Rousset, où je pause 5 minutes à observer les superbes paysages bleutés du Diois. Puis retour vers Villard via le col de St Alexis, Vassieux, le col de Proncel et la remontée des Gorges de la Bourne, non sans avoir affronter auparavant une côte que je trouve assez ardue, entre St Julien et St Martin en Vercors. Je m'accroche à un duo qui monte régulièrement, mais qui ne rayonne pas par sa sympathie. ça tombe bien, ça descend, je les lâche, et rattrape des anglais egrenés dans les Gorges de la Bourne. La grappe entière s'arrête aux Jarrands, il ne me reste que 4 km, et je finis sans crampes. Pour 98 km, c'est étonnant ...

Dimanche 25 juin : Chartreuse on the rocks ! encore un classique et une valeur sûre, cette mini-trilogie de la Chartreuse, incluant un départ de Fontaine par la piste cyclable jusqu'à Voreppe, puis un premier contact avec le col de la Placette (590 m), petit, mais c'est une vraie curée ... La descente et le plat jusqu'à Saint Laurent du Pont permettent de reprendre son souffle avant l'entrée en Chartreuse par les Gorges du Guiers Vif et l'ascension d'un premier chef, le col du Cucheron (1139 m), où je me sens étrangement bien ... Et pour cause ! J'ai totalement oublié que le vrai passage dur est de 3 km, après Saint Philibert. Je me croyais facile, mais le dernier km me rappelle à l'ordre.
Enfin, après la descente sur Saint Pierre de Chartreuse, j'attaque le col de Porte (1320 m), où je souffre de l'exposition permanente au soleil, en plus d'un échauffement de la voûte plantaire (qui sera ensuite récurrent sur la semaine :-( ...). J'atteins le col avec une vraie fierté d'en finir et de me dire qu'au final, ça ne va pas si mal. Je me régale dans la descente sur Grenoble, puis joue les gros bras sur les quais. 89 km costauds, autant que les 2000 m de D+ ...

Lundi 26 juin : Il fallait bien que ça s'arrête, les bonnes sensations. Dès le départ de Séchilienne, dans la montée boisée vers Laffrey, je sue comme un cochon. Normal, avec ce que j'ai bu les jours précédents ! En direction de Cholonge, la grosse éponge que je suis roule sur du verre, heureusement sans dégât. 1près, je me plante d'itinéraire, mais même sur peu de km, ça agace. En plus, sur les 30 premiers km, j'effectue une montée quasi incessante qui trouve son apogée au col de Malissol, touti rikiki mé costobiscoto, ces 2 petits km à 9-10% ... Enfin, je retrouve un rythme correct en remontant la vallée de la Bonne, puis à partir d'Entraigues, la longue remontée vers le col d'Ornon.
Seuls les 4 derniers km sont réellement durs, mais de nouveau, mon pied me brûle, et le soleil est là, bien présent ... Les mouches aussi ! Après une belle descente qui nous amène face au pied de Villard Reculas, le retour par la vallée de la Romanche va s'avérer pénible, très pénible, avec un vent de face qui annule la pente descendante sur laquelle je comptais pour bonifier la moyenne.
Arrivé à la voiture, il fait 35°C à l'ombre ... Mais quelle ombre ! Cette chaleur est infernale, mais je me découvre une capacité à rouler dessous (en même temps, je n'ai pas le choix) même si les difficultés majeures de ces 98 nouveaux km étaient passées ...

Et voilà comment boucler une première tranche de 285 km et de 5800 m de D+ en 3 jours ...